dimanche 7 février 2010

De l'utilité des facteurs paresseux

Parée de ma bonne résolution, je me dois donc de ne rencontrer mes voisins que dans des situations qui me conviendraient. C'est-à-dire quand je serais en position de supériorité. Je dois bien l’avouer, cela n’a pas toujours été facile et je me suis retrouvée plusieurs fois planquée entre deux voitures ou dans le garage à vélo pour ne pas croiser un nouveau voisin inopinément.

Pourtant ce midi, j’ai baissé la garde en revenant chez moi. Constatant que le facteur a une fois de plus glissé le courrier sous la porte d’entrée au lieu de rentrer dans le hall pour le distribuer, je ramasse le tas d’enveloppe en grommelant. Je cherche si une lettre m’est adressée, quand je vois la porte d’entrée s’ouvrir. Trop tard, je n’ai plus le temps de me cacher.
J’entreprends donc de répartir le courrier dans les différentes boîtes aux lettres. Je m’offre ainsi le beau rôle de la voisine serviable, alors que quelques secondes plus tôt il ne me serait jamais venu à l’esprit de rendre ce genre de service.

Une fille fluette entre, tirant derrière une énorme valise visiblement très lourde. Je la salue d’une voix tellement avenante qu’elle me surprend moi-même, je me permets même de la tutoyer : « Bonjour, le facteur a encore glissé les lettres sous la porte, il y en peut-être une pour toi. » Je lui tends le tas. Elle prend la lettre adressée à Melle Camille Flament et me rends le reste en me remerciant. Je finis de répartir les enveloppes alors qu’elle commence à tirer sa valise comme elle le peut dans la cage d’escalier.
« Je peux t’aider ? » je demande. Surprise, elle accepte et nous montons ensemble jusqu’au dernier étage en papotant de son arrivée toute récente à Lille. Et voilà le tour est joué, je me suis mise une voisine dans la poche en moins de dix minutes. Qui plus est, une de mes voisines de palier.

Mais je dois bien l’avouer, tant de bons sentiments d’un coup, ça m’a presque dégoûté : prendre un air avenant, parler de manière agréable mais assurée et rendre service… Je ne sais pas si j’y arriverai à chaque fois.

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